J’avais 12 ans en 1989. Je vivais à New York. C’est là où j’ai eu la révélation.
Je ne le savais pas encore, mais je le savais déjà.
Elle trainait par terre, sur le chemin du retour de l’école, à quelques mètres de la maison. Je ne sais pas du tout pourquoi je l’ai ramassée. Je n’avais même aucune idée de ce qu’elle représentait (enfin si, je voyais bien que c’était un type avec une casquette rouge d’un côté et des chiffres de l’autre côté). Mais je l’ai accueillie, cette carte de Todd Worrell, une 1989 Donruss aux couleurs chaudes. J’ignorais qu’il en existait des dizaines de millions noyées dans cette époque de junk wax démesurée. Pour moi, elle était unique.
Je l’ai ramenée dans mes bagages et de retour en France je commence à m’intéresser aux sports américains. Le basket, principalement, avec le premier numéro de 5 Majeur (oui, celui avec la Dream Team en couverture) et les quelques paniers qui font leur apparition de ci de là, permettant de faire autre chose que de juste dribbler un ballon devant chez moi pour imiter Pistol Pete (les gens de ma génération ont tous vu le téléfilm). En 1991, un ami revient de Phoenix avec quelques cartes Skybox. Représentant nos joueurs préférés. Michael Jordan pour lui (l’originalité c’était pas son truc) et n’importe quel joueur des Knicks pour moi (mon obsession pour New York était intacte). J’étais fasciné. Ces petits bouts de carton de 6.4 x 8.9cm allaient désormais faire partie de ma vie.
Ma première boîte en a été une de 91-92 Upper Deck, proposée par Sport Action basket. Je l’ai encore.
Mais surtout, en 1993, j’ai découvert la librairie américaine Brentano’s, boulevard de l’opéra. J’y allais pour m’acheter mes Calvin & Hobbes en anglais quand soudain, dans une vitrine près de la caisse, j’ai aperçu des paquets de cartes. Il n’y avait pas de basket. Que du baseball. Ma foi, ça ferait l’affaire. Un bout de carton reste un bout de carton. Du 93 Upper Deck. Du 93 Topps. J’ai ouvert tout ça dans le métro et j’ai commencé à les étudier. Les photos en extérieur étaient un vrai plus, mais surtout, j’étais intrigué par les statistiques à l’arrière. Les cartes Topps indiquaient les leaders sur une saison, en mettant les statistiques en gras. C’est comme ça que j’ai appris à reconnaitre les bons joueurs. Les fameux .300 / 100 RBI / 30 HR pour les frappeurs et les 20 W / 200 K (oui, c’était une autre époque) pour les lanceurs. C’est comme ça que j’ai appris à aimer le baseball.
Le clou a été enfoncé avec le documentaire de Ken Burns, qui est passé à la télé.
Puis par deux étés consécutifs du côté de Cleveland, où je jouais toute la journée au baseball tout en accumulant le plus de cartes possibles.
Et puis la grève de 94
Et puis l’adolescence.
Et puis la surenchère des inserts et de la spéculation.
Mon âge d’or à moi sera toujours cette période magique qui va de 1990 à 1996.
Avec toujours comme pièce maitresse ma Todd Worrell de 1989, qui m’accompagne dans mon portefeuille depuis trente ans et que je n’échangerais pour rien au monde.
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